Une ville en France : Niort
Un déplacement professionnel, les hasards des vacances : je traverse très régulièrement la France des villes moyennes et des petites villes, le plus souvent à l’écart des grandes métropoles. Cette France est belle. Menacée de la standardisation par le développement commercial, elle y résiste grâce à un patrimoine naturel et bâti d’une exceptionnelle richesse et diversité. On y lit, à travers un bâtiment ou un choix fait dans la signalétique, – orientant ici vers un bâtiment remarquable, là vers un service public -, les initiatives multiples et les projets politiques de ces pouvoirs décentralisés que sont les communes.
J’ai choisi pour cet été d’écrire quelques cartes postales d’une ville en France. Aucune prétention à l’exhaustivité, pas même à l’objectivité. C’est un regard, porté rapidement, souvent à la fin d’une journée de travail, sur une ville où je choisis, à chaque fois que je le peux, de résider au cœur. Un regard dont je me dis, parfois, qu’il pourrait inspirer des politiques berruyères. Non pas pour reproduire mais pour inventer, pour Bourges, notre ville, quelque chose dont nous serions fiers. C’est à Niort que le voyage commence.
“Tu pars où ?”
“Dans le Poitou. Ce soir, je serai à Niort. Que faut-il visiter, à Niort ?”
“A part les mutuelles, pas grand chose …”
“Je suis sûre que si !”
Niort : 58 000 habitants ; communauté d’agglomération du Niortais (extension récente) : 45 communes, 117 000 habitants.
Il a fait très chaud ce lundi de juillet. J’arrive à Niort vers 19 h. La ville est plongée dans une douce torpeur. Les passants sont rares. Laissant ma voiture en bordure du centre piéton, je remarque immédiatement la qualité d’entretien de la ville : immeubles de pierre blanche, belles façades claires et propres. Un réseau de rues et ruelles manifestement habitées entoure le cœur commerçant de la ville où les vitrines vides me semblent rares. La halle centrale est fermée à cette heure. Elle semble bien investie avec marché au niveau principal, dégagements et stockages sous les combles, artisanat d’art et antiquités dans le soubassement. La promenade le long de la Sèvre est courte mais agréable. Les abords du Donjon sont en cours de “requalification”, comme on dit aujourd’hui dans le jargon technocratique des collectivités et des travaux publics. A l’autre bout du centre-ville, la place de la Brèche, ancien champ de foire puis parking réaménagé en 2012, offre une très large esplanade bordée de brasseries, investie par toutes les tranches de population. Sans doute plus grande que la place Séraucourt, à Bourges, elle contiendrait aisément les habitants de toute la ville. Le parking et les cinémas logent en sous-sol. Des espaces pour enfants et familles sont délimités par des haies arbustives protectrices et enserrent parcours de jeux au nord et miroir d’eau au sud.
Un échange avec l’hôtelier, confirmé par une petite recherche sur internet, explique le bel état des façades du centre : depuis 2011, un arrêté préfectoral autorise la ville de Niort à faire procéder au ravalement des immeubles de secteurs prioritaires. En 2013 puis en 2015, le “plan façades” de la ville a délimité, secteur par secteur et avec l’accord de l’architecte des bâtiments des France, les rues et bâtiments à rénover pour – indique le site de la ville – “lutter contre la décrépitude d’une partie du patrimoine bâti privé, très souvent inhabité, qui défigure le centre ville”.
Le résultat est doublement spectaculaire : les façades sont propres et les immeubles sont réhabilités et habités. Et puis, avantage accessoire (vraiment accessoire ?), on regarde la ville qu’on découvre belle.
Deux informations complémentaires saisies au vol sur internet : à Niort, 58 000 habitants, il y a cinq bibliothèques de quartier, un médiathèque générale et une médiathèque régionale. Les musées de Niort ont été regroupés en un même site en 2006. J’irais bien voir. Je ne le ferai pas : demain, je reprends le travail à la première heure.
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