Une ville en France : Brest
Brest 140 000 habitants. Brest métropole, 8 communes, 207 000 habitants.
J’ai revendiqué la subjectivité de mes cartes postales, d’une ville en France. Pour Brest, elle sera totale. J’ai pour ma ville natale une affection toute particulière et je m’attarde sur la beauté de chaque angle de rue là où des yeux moins bienveillants pourraient passer leur chemin. Brest, sa rade, ses ports, ses camaïeux de gris et de bleus sur terre sur mer et dans le ciel, ses alignements d’immeubles reconstruits après guerre dans une ville dévastée, ses cours et squares où je jouais enfant, son château, son arsenal. Brest, son air chargé de vent, d’eau douce et d’embruns salés, brillant sous un soleil franc et direct comme les hommes le sont ici. Brest, son service des phares et balises où travaillait mon père et dont le nom est à lui seul une promesse d’aventure. Brest, une ville qui a su au cours des dernières décennies se moderniser sans cesse pour conjurer le sort que sa position extrême, au bout du continent, aurait pu lui destiner. “Brest même“, comme on dit ici.
A Brest, le parti pris, de tout temps, c’est la mer. En trente ans, la ville aura réinvesti tous ses ports pour en renouveler l’attrait et les ouvrir à tous.
En 1990, c’est au pied du port de plaisance, au Moulin blanc qu’a été créé Océanopolis, ambitieux centre de culture scientifique consacré à la mer. C’est ensuite sur les quais du port de commerce, autrefois réservés aux gens de mer que, dans un décor de grues jaunes et bleues et de bateaux en cale ou à quai, se sont mêlés restaurants, commerces et entreprises. Ce site accueille, tous les étés, les “jeudis du port“, avec concerts et arts de la rue.
Aujourd’hui, c’est à Recouvrance, du côté du port militaire et de l’arsenal, que les changements sont en cours avec la transformation d’anciens ateliers en centre culturel et économique. Le projet est, sur un même lieu, d’accueillir jeunes pousses et événements culturels. Enfants et adolescents se sont déjà approprié les vastes espaces des ateliers pour des exploits à trottinette ou pour s’asseoir librement derrière un piano. Les entreprises commencent à investir le lieu. Situés sur la rive occidentale de la rivière la Penfeld, dans un quartier jusqu’alors peu accessible, les ateliers des Capucins doivent ouvrir le chemin à une réhabilitation du quartier qui les accueille, un quartier populaire vieillissant.
Un peu en aval, on traverse la Penfeld par le pont de Recouvrance où passent auto et tram. Plus en amont, le pont de l’Heurteloire est réservé aux voitures. Entre les deux, la métropole a choisi de construire un téléphérique. Pour 1,5 €, avec correspondance sur les réseaux de bus et tram, il relie le bas de la rue de Siam, principale rue commerçante de la ville, avec le nouveau centre. Vue exceptionnelle sur la rade : rien que pour cela, prendre le téléphérique vaut le voyage.
Ce que j’en retiens : la mise en valeur affirmée des atouts de Brest, c’est à dire de ses ports ; le renouvellement continu de l’offre qui s’y attache avec un parti pris de multifonctionnalité ou, pour employer le vocabulaire en vogue, d’hybridation ; et des modes de liaisons ambitieux pour garantir la mobilité dans la ville.
Il faudra suivre sur le moyen terme les effets de ces nouveaux équipements sur le quartier de Recouvrance : auront-ils réussi à en changer la vie sans en exclure les habitants historiques ? On le souhaite, évidemment. L’avenir le dira.
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