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Quelle ville demain ? Illustration sur le commerce et les déplacements

Bulle Berry et Mon Cher vélo s’étaient judicieusement associés pour proposer à Bourges, vendredi dernier, une conférence-débat sur le développement du commerce hors des villes et les conséquences sur les modes de déplacement – et plus largement les modes de vie – que cela nourrit.

C’est un débat que nous soutenons de longue date. Ma première prise de position à ce sujet, encore bien solitaire, date de 1998. Cette année-là, le projet de complexe cinématographique du Prado était soumis à l’approbation de ce qu’on appelait alors la Commission départementale d’aménagement commercial. Je m’étais abstenue ce qui, compte tenu des modes de comptabilisation des voix, revenait à voter contre le projet. Cette construction hors la ville, même pas très loin de son centre, a été la première étape pour désertifier le centre ville en soirée. Ce phénomène a été d’autant plus marqué que la liaison qui avait été promise entre le Prado et le coeur de ville n’a jamais été mise en place.

Je trouve parfaitement normal qu’un exploitant de cinéma cherche la formule qui lui paraît la meilleure et la plus rentable à court et moyen terme pour lui. C’est son travail et nul ne saurait lui reprocher de le faire bien. Mais il est de la responsabilité des élus – et des citoyens – de voir les choses plus globalement et à plus long terme. Les cinémas tournent bien à Bourges mais la ville se meurt. Imaginer les solutions pour concilier les deux, voilà ce qu’aurait été une politique urbaine visionnaire et durable. Tel n’a pas été le cas, alors même que dans les années qui ont suivi, des larges espaces fonciers ont été disponibles dans le centre ville.

C’est encore la même chose aujourd’hui pour les extensions commerciales à la périphérie de Bourges. A court terme, les promoteurs évoquent des créations d’emplois et les élus espèrent des rentrées fiscales. Les aménagements de voirie sont en général (mais pas toujours !) à la charge des promoteurs. L’illusion qu’il n’y a que des bénéfices à en attendre est grande.

A long terme, tout s’inverse : les créations d’emplois ici valent destruction d’emplois là. Les rentrées fiscales se rééquilibrent. Et surtout, les extensions de voirie se multiplient et doivent être entretenues, alors que la population évolue peu ou pas du tout. A ces considérations (bassement) financières, s’ajoutent des conséquences sociales et environnementales : ce qui singularise une ville par rapport à une autre, ce n’est évidemment pas la longue litanie des enseignes dans ses périphéries. C’est la qualité du cœur de ville, la possibilité d’y faire des rencontres pour autant que ces rencontres soient offertes à tous.

Il faut donc reprendre, à Bourges, ce débat sur l’hyper-centre pour le revaloriser en le rendant accueillant aux différents modes de déplacement. La loi sur l’architecture et le patrimoine pourrait y aider. Pas de chance, le Maire a jugé bon de tourner en dérision la proposition faite en ce sens par Agnès Sinsoulier, au nom de notre groupe, lors d’un derniers conseils …

Encore trois ans !!!

Cet article comporte 1 commentaire

  1. Concernant les cinémas, on ne doit pas oublier que la disparition de salles en centre ville est aussi la conséquence de la décision de l’ancien directeur de la MCB d’ouvrir une salle art et essais qui a asséché la dernière salle en activité rue Littré.
    Conséquence : à Bourges, ville de “culture”, on a maintenant le choix entre l’artillerie lourde du cinéma américain des CGR, et le ghetto culculturel d’une maison de la culture … qui n’existe même plus. L’intérêt du cinéma, comme genre artistique, était pourtant d’éviter ce genre de scission : les plus grands films de son histoire sont aussi des succès populaires, et pas le résultat des tergiversations nombrilistes d’auteurs qui ne connaissent de la vie que le cercle de leurs amis bobos et les théories fumeuses des écoles de cinéma.

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