Qu’aurons-nous appris ? Un point provisoire
Ce que je retiens, à ce stade, de la crise, c’est combien nous avons collectivement été inconséquents.
Nous savions qu’il y avait un risque de pandémie. D’abord parce qu’il y en a déjà eu, et, à travers les millénaires, des plus redoutables encore. Ensuite parce que dans ce monde mondialisé, la propagation des maladies est extrêmement rapide. Nous comptions sur la science pour nous en protéger : nous avions raison mais nous n’en avons pas tiré les conséquences. La science ne nous disait pas de dormir tranquille. Elle nous disait de nous inquiéter. Et donc de prévenir.
Elle nous dit aussi de nous inquiéter pour le climat. Elle ne nous dit pas qu’elle règlera tout par plus de technologie, comme le suggéraient encore certains programmes de la campagne municipale. Oui, la technologie sera utile, très utile même. Mais pas seulement. Le frêne planté sur le boulevard Lahitolle à l’occasion de la journée pour le climat à laquelle j’ai pris part vient symboliquement nous le rappeler. Il repart tranquillement ce printemps et c’est tant mieux. A lui, comme aux autres il faudra de l’eau.
Car il nous faut aussi nous inquiéter pour l’eau. Elle est de plus en plus rare, même sous nos contrées. J’ai eu de nombreuses occasions de dénoncer la légèreté avec laquelle cette question était traitée, depuis de très nombreuses années, par les différents élus de l’agglomération. Malheureusement, nous entamons un nouveau printemps très chaud et le dossier n’a guère avancé.
Peut-être serait-il temps, dans une ville comme Bourges, que nous prenions au sérieux l’ensemble des risques qui nous entourent, incluant évidemment les risques industriels. Pas pour cesser toute activité humaine. Mais pour penser la façon de nous protéger en cas d’alerte et, surtout, pour penser une ville qui soit capable d’amortir les chocs. Il ne s’agit pas que tout recommence “comme avant”, comme tend à le suggérer le concept de résilience. Il s’agit de savoir réagir, apprendre pour évoluer utilement.
Le moment ouvre des pistes de réflexion très fortes sur les formes de villes, pour l’habitat comme pour le commerce, sur le rapport entre l’homme et la nature, sur les capacités de production agricole – nourricière – et industrielle locale, régionale, nationale, européenne. Sur la notion de service public et de service essentiel. Sur la hiérarchie des salaires et des revenus, sur les formes de la solidarité envers les plus démunis et les plus isolés. Sur les capacités, physiques, psychiques, financières, tant individuelles que collectives à encaisser des chocs. Sur le fonctionnement de la démocratie en période de crise.
Nous avions intégré ces préoccupations dans le projet que nous avons présenté pour Bourges ce printemps. Sans doute faudra-t-il demain dire plus fort encore l’urgence de ce projet collectif.
“Nous” avons été inconséquents ? ! Ah non ! Ils ont été inconséquents, nos décideurs et responsables politiques parce qu’ils ont décidé en toute connaissance de cause de nous mettre dans la situation que nous connaissons, destinataires de dizaines de rapports – que j’ai lus ! – qui les alertaient et les prévenaient depuis plusieurs années de ce qui allait se passer!
Quant aux problèmes d’eau, c’est la même chose: ceux qui font du maïs qu’ils irriguent à tout va, même quand nous sommes en limite de couper l’eau au robinet, et vont ensuite alimenter leur méthaniseur avec ce maïs irrigué, pour faire du gaz subventionné avec de l’argent public, le font en sachant que l’Auron a baissé de 30 cm depuis dix jours qu’ils irriguent et que nous allons, une année de plus, nous retrouver en restrictions pour les particuliers avant l’été mais ils disposent quand même d’autorisations de prélèvement que le préfet leur délivre, alors que tout le monde sait que ce qu’ils font est absurde et irresponsable et que les associations comme celle que je préside ou comme les fédérations de pêche alertent les autorités sur ce scandale. D’ailleurs, on attend prochainement les arrêtés du préfet accordant les volumes de prélèvement, on va bien voir qui réagit!!!
On pourrait aussi parler de la qualité de l’eau parce que les mêmes qui irriguent pour faire du maïs qu’ils vont mettre dans leur méthaniseur pour faire du gaz balancent des pesticides en pagaille, des engrais pour faire pousser leurs cultures énergétiques et, ensuite, épandent leur digestat sur les terres calcaires situées au-dessus du bassin d’alimentation du captage d’eau potable du Porche, qui supporte depuis des années des taux de nitrates hors normes…