Programme départemental d’insertion : quelles propositions pour les plus fragiles ?
La majorité départementale présentait ce matin son programme départemental d’insertion au vote du conseil. Ce programme concerne l’accompagnement des allocataires du Revenu de Solidarité Active, 9300 foyers dans le département soit 10800 allocataires et conjoints d’allocataires. Ce document s’inscrit pour une large part dans la continuité de l’existant, c’est-à-dire de ce que j’avais contribué à construire.
J’aurais cependant aimé plus de précisions et aussi plus d’engagements. Comme élue, j’avais mis tout mon poids pour que le dernier programme départemental d’insertion adopté sous la gauche, en 2015, se fixe non seulement des critères d’évaluation mais aussi des objectifs chiffrés. Bien sûr, il est difficile de les tenir, surtout quand l’Etat change, en cours de route, les règles. Mais il est important, au-delà des discours répétés rapport après rapport, de voir si on progresse et de combien.
Où en est-on ? Il y a deux entreprises d’insertion de plus qu’il y a quatre ans : c’était l’objectif. La mobilisation des offres régionales de formation pour les allocataires du RSA se maintient, ce qui est notable en comparaison avec les autres départements de la région. En revanche, le nombre d’heures de travail ouvertes aux personnes en insertion dans les marchés du département qui relève de la seule volonté départementale n’a pas bougé de 2014 à 2018 alors qu’un objectif de progression de 10 % par an avait été adopté à l’unanimité. Le nombre de personnes en emploi aidé à énormément baissé (c’est une conséquence des politiques nationales) et le département semble avoir renoncé à s’engager comme employeur de personnes en insertion : c’est bien dommage !
Ce qui est aussi fort dommage, c’est qu’aucun objectif chiffré n’a été fixé pour le prochain Programme départemental d’insertion pour la période 2019-2022. Je ne sais pas comment on pilote et on mobilise sur une politique publique sans fixer – et d’abord à soi-même – quelques objectifs …
Sur le fond, le principal changement revendiqué par la majorité départementale concerne les priorités d’accompagnement des personnes au RSA. Le discours est le suivant : tout pour l’insertion professionnelle. La majorité départementale a ainsi dissocié dans deux services différents les Référents Insertion Emploi, en charge de l’insertion professionnelle, d’une part et les assistantes sociales polyvalentes de secteur, en charge de l’accompagnement social, d’autre part. Je redoute que les secondes, qui ont bien d’autres missions et notamment celle de la protection de l’enfance, n’aient plus guère de temps à consacrer aux allocataires du RSA. Avec pour conséquence que les personnes les plus fragiles n’aient plus aucune chance de se sortir des embarras multiples qu’elles rencontrent. La redondance avec le métier de Pôle Emploi, d’une part, le délaissement des plus fragiles, d’autre part : je ne pense pas qu’il s’agisse là d’une optimisation des moyens publics. Si les référents insertion emploi sont réputés suivre 70 allocataires du RSA, impossible de savoir combien d’allocataires seront suivis par une assistante sociale polyvalente : c’est pourtant ce chiffre qui aurait pu écarter – ou confirmer – mes craintes.
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