Maison de la Culture – suites
En mai dernier, j’avais écrit à Fleur Pellerin, Ministre de la Culture (courrier ci-joint) :
- pour lui faire part de l’opposition croissante au projet de nouvelle maison de la culture, la pétition contre ce projet étant atteint les 10 000 signataires. Une telle mobilisation contre le projet me semblait exiger qu’on y prête attention pour éviter une fracture grandissante au sein de la population berruyère. Cette mobilisation résulte pour une large part des errements dans la conduite du projet et des choix qui en ont découlé ;
- pour lui demander en conséquence de donner suite à la demande des Présidents de Région (F. Bonneau) et de Département (JP Saulnier à l’époque) de diligenter une inspection des services des Ministères de l’environnement et de la culture pour faire la lumière sur la conduite du projet ;
- et enfin, pour saluer l’effort de l’Etat pour réinvestir pour la Maison de la Culture, effort inscrit dans le Contrat de Plan entre l’Etat et la Région, et suggérer que cet effort mériterait d’être accentué quand un projet ferait consensus.
Je n’attendais pas de ce courrier un soutien du Ministère à un projet de reconstruction sur site. La position des ministres et des administrations est constante : c’est la ville qui choisit son projet. Ce sont donc les Maires successifs de Bourges qui sont seuls responsables du choix du site et des délais.
La réponse à ce courrier m’est parvenu sept mois plus tard, fin décembre. C’est dire comme le Ministère a dû juger urgent de se prononcer. Vous trouverez la réponse, complète et non tronquée, dans le courrier joint.
Que dit le courrier :
- d’abord, il est manifestement gêné, long, un peu alambiqué. Sans doute, la dénonciation du projet et de sa conduite sonne-t-elle juste ;
- il rappelle que “l’Etat n’a rien imposé au territoire“, autrement dit que le choix du nouveau projet est de la seule responsabilité de la ville ;
- il prend acte, à deux reprises, des erreurs de conduite de projet (citations entre guillemets) : la démolition de 2012 “que je ne peux que constater et regretter avec vous” a “aggravé” le niveau de contraintes archéologiques ; “l’abandon brusque du projet initial de réhabilitation et de reconstruction constitue, de fait, une difficulté “, ..) ;
- il insiste sur les délais “les plus longs de France” de réalisation du projet et en fait argument pour ne pas revenir sur les choix déjà faits. Comme cet argument aurait dû être opposé plus tôt, lorsque le projet initial, lui aussi “démocratiquement et légalement déjà engagé“, a été abandonné !
- cette mauvaise gestion étant reconnue, la Ministre ne la transforme pourtant pas en accord pour une inspection générale du projet. Je le regrette. L’argument avancé est en soi un aveu : cela “porterait un discrédit” à cette opération ! La Chambre régionale des comptes se chargera un jour d’enquêter sur le dossier et je ne suis pas sûre que les administrations aient beaucoup à y gagner.
- mais la Ministre fait une proposition alternative – qui avait déjà été annoncée – : lancer une étude de conservation et de réhabilitation du site historique. Elle mentionne que le projet de cahier des charges pour cette étude a été transmise à la ville “le 15 juillet dernier“. On voit combien la ville a été, sur ce sujet aussi, réactive : rien n’a bougé depuis. Peut-être ne voudrait-elle pas qu’il soit constaté dès aujourd’hui ce qu’il serait possible de faire sur le site ?
- enfin, le courrier repousse de façon un peu inélégante les propositions alternatives faites par l’architecte berruyer Christian Gimonet. Bien sûr, certains s’en feront les gorges chaudes. D’une part, Christian Gimonet n’est pas le seul architecte à avoir pensé des alternatives possibles même s’il est sûrement celui qui est allé le plus loin dans la conception d’un projet. Mais surtout, on ne peut exiger d’un projet fait de façon bénévole d’avoir le niveau de précision exigée d’une commande publique. On bloque toujours sur le même point : la comparaison rigoureuse, transparente et partagée de projets alternatifs n’est toujours pas faite. C’est une forme d’échappatoire de la part de l’Etat. Surtout, ne pas prendre le risque de réouvrir le débat. Il n’est pas sûr que le résultat soit celui-là.
Quelle est la situation aujourd’hui ?
Il y a deux impasses : une impasse financière, la ville renvoyant en toute fin de mandat la reconstruction d’une maison de la culture ; et une impasse démocratique et citoyenne, les Berruyers étant toujours très divisés sur le projet. Pourtant, il faut que Bourges ait une Maison de la Culture.
Concernant l’impasse financière, j’ai fait des propositions pour la surmonter. Accentuer si possible le soutien de l’Etat mais surtout transférer la compétence culturelle à l’agglomération. J’ai déjà argumenté à plusieurs reprises dans ce blog sur les avantages que nous en aurions, pour fédérer les habitants, pour soutenir les acteurs culturels dans leur diversité, pour faire rayonner l’agglomération, pour soutenir le développement de l’emploi. J’appelle les uns et les autres à s’approprier cette idée et à la relayer, à Bourges, à Saint-Germain du Puy, à Marmagne, à Saint-Doulchard, à Plaimpied, … et dans chacune des 16 communes de l’agglomération.
Concernant l’impasse démocratique, je regrette que notre proposition d’inspection ait été rejetée. Elle aurait permis d’apaiser. Il faudra donc que ceux qui n’en ont pas voulu assument de trouver une autre façon de renouer et pacifier le dialogue. On ne peut réussir un projet culturel sans rassembler.
vu comment le projet a été conduit et la transparence des choix effectués….. la condition indispensable que je mettrais pour que cette équipement soit transféré, c’est que tout ceux qui ont participé de près ou de loin à la catastrophe de la situation actuelle, soient exclus purement et simplement de tout ce qui concerne ce nouveau projet !!! c’est à dire, les élus, les architectes, les directeurs de la ville de Bourges concernés, exclus !!! car les mêmes causes produisent les mêmes effets !!!
Je serais moins radicale que vous sur ce point !
trop radical était mon précédent message en effet, mais je ne comprends pas comment en se retrouvant dans une situation comme celle de la maison de la culture, personne ne se lève en disant, oui on a mal géré ce dossier…
Bonsoir,
C’est la troisième fois que je laisse un commentaire qui j’espère sera cette fois bien pris en compte.
La réponse de la ministre (bien tardive) n’aurait-elle pas due, dans un souci de clarté dans ce nébuleux débat, être diffusé dans les délais les plus bref possibles.
Si “On ne peut réussir un projet culturel sans rassembler”, on ne peut pas non plus garder par devers soi des informations qui ont leur importance !
Dans la présente situation, dans l’intérêt général, et aussi dans le tien et celui de ton équipe, il me semble qu’il est plus que temps de rallier le projet du nouveau site. Ce serait un geste de courage politique car continuer dans la même voie peu claire et incompréhensible pour le public contribuerait à enterrer le projet (ce que cherche le Maire de Bourges ????)
NB: La proposition de prise de compétence de la culture par Bourges Plus (que ne voulait pas Lepeltier) me parait indispensable.
Jean-Pierre Lesens ancien délégué communautaire.
Merci Jean-Pierre de ton message. Je ne peux pas laisser dire que ma position n’est pas claire : elle l’a toujours été. Lepeltier a saisi le prétexte des tracas sur le chantier pour différer le projet et redéployer le peu d’argent qu’il pouvait mobiliser sur un autre projet (le Prado). J’ai pensé qu’il fallait le dénoncer parce que c’était une arnaque pour le monde de la culture. Je le pense toujours et malheureusement, la réalité est là.
Maintenant, on s’en sort comment ? C’est ce que je propose dans mon billet : chercher des financements là où ils sont possibles (et d’abord en changeant l’échelle du porteur de projet grâce à l’agglo) ; et surtout essayer de rassembler. Je suggère à tous ceux qui sont attachés à ce que Bourges ait une Maison de la Culture de faire l’effort de comprendre que sans un changement significatif de ton, sans un réel respect des diverses positions qui ont été prises, rien ne sera possible.