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Maison de la culture : l’impossible débat

Les partisans du projet de nouvelle Maison de la culture à Bourges organisaient samedi matin un débat sur le thème “la maison de la culture à tout prix”.  L’objectif annoncé était de renouer le dialogue sur la maison de la culture, autour du projet culturel. Pourquoi pas ? Sur un sujet qui a tant divisé la ville, il pourrait être effectivement temps de se parler sereinement.

Le constat que je fais est que cela reste impossible. Les quelques paroles qui n’allaient pas dans le sens souhaité par la salle ont toutes été d’une façon ou d’une autre chahutées. Mon intervention a été interrompue d’une façon outrancière qui n’honore pas – qui disqualifie même – son auteur.

Il faut d’abord remarquer une chose : hormis les représentants, administrateurs et salariés de la Maison de la Culture logiquement présents, et de rares représentants associatifs, les acteurs culturels étaient bien peu nombreux. C’est peut-être le signe que, pour les uns et les autres, il était entendu que l’espace se prêterait peu au dialogue.

De quoi s’agissait-il ?

Des salariés de la MCB témoignaient avec justesse et passion de leur métier et de leur difficulté à l’exercer sereinement dans des lieux provisoires et éclatés. Je l’entends fort bien et je salue leur abnégation. Des spectateurs rappelaient leur attachement à la maison de la culture et leur attente de disposer d’un lieu pour se retrouver. C’est un constat largement partagé. Les uns ou les autres reprenaient quelques déclarations d’ordre général sur la place de la culture dans une ville comme Bourges, notamment sur le plan économique et sur le plan de l’attractivité de la ville. Un tel propos, qui est juste, aurait horrifié il y a quelques années. Comme quoi, tout évolue …

Des intervenants rappelaient les délais qui s’accumulent. On peut difficilement le nier. L’adjoint à la culture de la ville se réfugiait derrière les recours contre l’abattage des arbres pour justifier ces délais. Trop facile excuse pour laisser le temps s’écouler. Un candidat a parlé de financement pour affirmer qu’il était trouvé et qu’il fallait donc accélérer les choses. Des financements sont trouvés, inscrits pour une période de cinq ans au Contrat de Plan Etat Région. Sont-ils pour autant suffisants pour permettre une accélération effective du dossier ? Je n’en suis pas sûre.

Cela commence à déraper quand des arguments inexacts sont ressortis en boucle. Comme par exemple la menace brandie sur le label Scène Nationale. Il y a un vrai danger pour la maison de la culture et pour la ville mais ce n’est pas celui-là et le répéter sans fin discrédite ceux qui emploient cet argument. Le vrai danger, c’est la baisse du taux de participation de l’Etat au fonctionnement de la maison de la culture. Oui, ce danger existe. Oui, les financements, c’est important.

Je suis intervenue pour dire deux choses.

D’abord pour rappeler combien la mauvaise gestion de ce dossier, par la ville comme par l’Etat, était responsable des blocages, des retards mais aussi de l’impossible débat sur la maison de la culture. Je déplore notamment que, pour tenter de rattraper des erreurs initiales et de justifier a posteriori des décision discutables, les administrations instruisent aujourd’hui le dossier de façon partiale. Que l’on ne puisse plus faire confiance à l’Etat – et bien sûr à la ville – pour être rigoureux et transparent et pour reconnaître ses erreurs est pour moi un vrai problème. Et cela mine, depuis trop longtemps, l’atmosphère en ville.

Ensuite pour dire que la question financière n’est pas une petite question. Si la ville de Bourges ne démarre pas, ce n’est sans doute pas en raison des recours contre l’abattage des arbres qui, au fond, l’arrangent bien. C’est en raison de ses difficultés financières et en particulier de son lourd endettement que nous avons maintes fois dénoncé. Cette situation est le résultat des choix d’investissement fait précédemment (pensons notamment, mais pas seulement, au Prado). Manifestement, un tel propos était inentendable par l’assemblée présente. Il serait donc interdit de parler argent quand on parle de culture.

J’ai aussi posé la question : la maison de la culture à tout prix, cela veut dire la maison de la culture à n’importe quel coût ? Mais comment soutenir un tel propos face à d’autres acteurs culturels qui vivent en permanence avec des budgets très contraints ? Ou cela veut dire la maison de la culture au prix du compromis ? Et alors quel compromis est-il possible de faire ?

De compromis, nous en avions, il y a près d’un an, proposé un : qu’une inspection conjointe des ministères de la culture et de l’environnement soit conduite pour que la lumière soit faite sur la gestion du dossier. Qu’ainsi, la mauvaise gestion dénoncée par un grand nombre de Berruyers depuis des années soit enfin reconnue et que les insultes cessent en direction de ceux qui dénoncent de longue date ces dysfonctionnements. Je faisais (nous faisions) le pari que cela permettrait à chacun de sortir tête haute du conflit et au projet de se faire, sur une base qui ne me semble pas bonne mais qui est celle qu’a majoritairement décidé le conseil municipal. Je joins à nouveau le courrier en ce sens adressé en mai dernier à Fleur Pellerin, Ministre de la Culture.

Mais rien n’a bougé et le temps reste à l’insulte.

La démocratie exige l’accès de tous à une information fiable. Cela a été refusé. La démocratie exige le respect de l’autre et vit de compromis – oui, de compromis. Il n’y a eu ni l’un ni l’autre ce matin.

Cela ne m’empêchera de continuer de penser, porter et j’espère un jour mettre en œuvre un véritable projet culturel, complet, vivant, créatif, ambitieux, démocratique et multidisciplinaire, pour Bourges et son agglomération.

Au fait, et le projet culturel de la maison de la culture, finalement ? Finalement, comment vous dire ? Finalement, il n’en a guère été question.

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