Les progrès et de la médecine et de l’Etat : un enseignement de l’histoire des pandémies
On sait toujours assez peu de choses de ce virus qui a figé pour plusieurs semaines tous les continents. Mais on constate au moins deux différences fondamentales avec les pandémies précédentes : le rôle de la médecine et celui de l’Etat-providence.
La plongée dans l’histoire des pandémies, proposées par différentes sources – les miennes sont les chroniques hebdomadaires du journal Réforme – est un exercice passionnant. Sans exhaustivité :
– la peste, ses dizaines voire centaines de millions de morts, ses récidives incessantes sur plusieurs siècles, dans une transmission à trois : rat noir, puce et homme. 30 à 50 % de la population européenne tuée au XIVème siècle par ce bacille (bactérie). De la peste date la quarantaine. Les contournements de la quarantaine ont été à l’origine d’épidémies successives (à bon entendeur ….). Il en reste quelques foyers.
– la variole, décimant les amérindiens plus sûrement que les Conquistadors : 80 à 90 % de la population amérindienne tuée en plusieurs épidémies au cours du XVIème siècle. La variole est une sorte de virus, sans doute dérivée d’une maladie des chevaux ou des chameaux, domestiqués, faut-il le rappeler, au néolithique (c’est-à-dire pas précisément hier). Elle a déclarée officiellement éradiquée par l’OMS en 1980.
– le choléra, progressant au cours du XIXème siècle de l’Inde et la Chine vers l’Asie centrale puis l’Europe. Des centaines de milliers de morts dans chacun des pays touchés à chaque récidive. La maladie, due à une bactérie et transmise par l’eau et les matières fécales, est cette fois strictement humaine. Elle touche encore des centaines de milliers de personnes chaque année de part le monde.
– la lèpre, due à une bactérie, reste diffuse de part le monde depuis plus de 2000 ans . La lèpre peut passer de l’homme à l’animal et réciproquement. Elle est à l’origine de la “distanciation sociale” (on n’appelait pas cela ainsi alors !), attestée dans l’ancien testament et du confinement généralisé dans les léproseries, dès le début du moyen-âge.
– la grippe espagnole, 20, 50 ou 100 millions de morts selon les évaluations, 2,5 à 5 % de la population mondiale. Virus provenant probablement des états-unis et probablement d’origine aviaire. Les infrastructures sanitaires sont débordées, entrainant une surmortalité énorme.
– le SIDA, lui aussi sans doute d’origine animale, ses dizaines de millions de morts et ses nouvelles formes de distanciation sociale et d’exclusion, le virus qui a fait trembler et mourir ma génération, à l’heure de nos vingt ans.
Avec le Covid, rien de nouveau, donc, sur bien des points : le passage de l’animal à l’homme, avec évidemment bien plus d’expositions encore dans les sociétés anciennes que dans les nôtres ; la mondialisation, même si le rythme a changé ; la peur renvoyant au châtiment du ou des dieux (et aujourd’hui à celui de la Nature) ; la quarantaine ; les rituels de purification, plus ou moins rationnels, plus ou moins efficaces ; les systèmes sanitaires débordés.
Je retiens au final deux différences fondamentales : les progrès des sciences et de la médecine qui, malgré toutes les inconnues, malgré l’absence de médicament, malgré l’absence de vaccin, malgré les imprécisions des modèles, permettent de mettre en œuvre plus rapidement les gestes préventifs, d’oxygéner les malades et d’en sauver beaucoup ; et puis les progrès de la puissance publique et singulièrement de l’Etat social, permettant de maintenir le pays en vie à coup de chômage partiel, d’aide aux entreprises et de sécurité sociale.
Il me semble important, dans un moment où l’on dénigrerait volontiers et la science, et ce que l’on désigne comme étant “la politique”, de ne pas complètement l’oublier.
Bon résumé et bonne poursuite de l’action
vous me semblez bien positive en effet dans votre conclusion. moi je vois un pays riche qui a tellement appauvri son hôpital qu’il n’est plus en capacité d’y accueillir tous les malades (les plus de 75 ans notamment).