
Les “emplois utiles” : le projet “territoire zéro chômeur de longue durée était précurseur
Il y a tout juste quatre semaines, chacun est rentré chez soi. Toutes les activités “non essentielles pour la nation” ont été priées de se mettre en sommeil – ou de se faire par télétravail. La tâche du gouvernement, celle des collectivités locales a consisté à définir ce qui était “essentiel”.
On a découvert que ce qui était essentiel, outre évidemment le système de soins, c’était une somme d’emplois souvent peu considérés et invisibles. La terrible formule d’E. Macron sur “ceux qui ne sont rien” lui revient brutalement au visage. Ceux qui ne sont rien sont ceux qui assurent, aujourd’hui, des emplois “essentiels pour la nation” : aide à domicile, agents des EHPAD, éboueurs, routiers, agriculteurs, ouvriers des industries agro-alimentaires, agents de nettoyage, caissières, …
On a découvert aussi qu’il y avait des tâches essentielles qui étaient peu ou mal pourvues : produire localement ce qu’on ne produit plus qu’en Chine ou en Inde. Livrer des courses. Tenir la main. Porter à manger à chacun. Expliquer des démarches par internet. Téléphoner aux personnes isolées.
On a aussi mesuré combien celles et ceux qui vivent de très peu restent fort vulnérables : soit qu’ils n’aient pas de logement ; soient qu’ils n’aient pas de moyen de locomotion alors que les services, dont beaucoup sont fermés, s’éloignent – et que le covoiturage est vivement déconseillé ! ; soient qu’ils n’aient pas le crédit internet nécessaire ; soit que le petit boulot qu’ils faisaient, pas toujours bien déclaré, disparaisse en les laissant sans protection sociale.
Les territoires expérimentateurs du projet “territoire zéro chômeur de longue durée” démontrent, aujourd’hui, de façon éclatante combien ils étaient précurseurs. Leurs salariés ont un contrat de travail, en CDI à temps choisi et bénéficient, comme les autres, soit du maintien de leur salaire, soit des dispositifs de chômage partiel. Ils ont développé, avant la crise, des “emplois utiles” qui n’existaient pas jusque là et savent, avec réactivité, les amplifier ou les réorienter : ici, on fabrique des masques ; là, on passe des coups de fil ; partout, on livre des courses ; …
Nous avons porté ce projet pour Bourges. Nous sommes, avec les militants de l’association de préfiguration, plus que jamais déterminés à le faire avancer. Cela passe par deux décisions, qui ne doivent pas être différées indéfiniment :
– pour l’Etat, proposer rapidement une loi pour étendre les expérimentations au-delà des dix territoires précurseurs : au lieu de consacrer de l’argent à des choses peu utiles, solvabilisons enfin les emplois vraiment utiles
– pour la ville, délibérer en faveur d’une expérimentation à Bourges de façon à ne pas manquer le train quand il passera.
On n’est pas obligé d’attendre les prochaines élections, dont on ne sait pas quand elles auront lieu. Je n’ai, de mon côté, qu’un objectif : que Bourges avance.
Et pour “le jour d’après”, peut-être sera-t-il utile de garder le pied pas trop loin de la pédale de frein pour ce qui, finalement, n’était pas si essentiel que nous ne le pensions auparavant …
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