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La laïcité malmenée au Conseil départemental

Vœux du Président du Conseil départemental, ce soir, salle du Duc Jean. Petites piques, semblant de consensus, presqu’hommage involontaire au travail fait dans le secteur social : le discours était attendu et n’appelait pas de commentaire particulier.

Jusqu’à sa conclusion : un long développement sur ce que le Président entend par “laïcité”. La confusion, dans sa bouche, était totale.

La laïcité impose, de la part des acteurs publics, une absolue neutralité pour garantir à chacun, quelle que soit son appartenance ou sa non-appartenance religieuse, la liberté de pensée et l’égalité de traitement.

La laïcité n’interdit pas le respect des “traditions”. Elle ne saurait pour autant se restreindre à cela. C’est pourtant le sentiment que nous avons eu ce soir tant l’objectif n’était pas de définir et défendre la laïcité mais bien de la réduire et de l’affaiblir, au fond, de la vider de toute substance.

Il existe, certes, des “traditions” républicaines, rythmées par des dates, qui, sans définir la laïcité, ne la contrarient pas. Parmi elles, le 14 juillet (la révolution), le 1er mai (les droits des travailleurs), le 9 décembre (l’anniversaire de la loi de 1905 sur la laïcité) ou encore le 10 mai (la commémoration de l’abolition de l’esclavage). Ces dates disent quelque chose de la République. On peut y ajouter les 19 mars, 8 mai et 11 novembre qui disent quelque chose des sacrifices faits par ceux qui sont tombés au combat et des guerres, dont la mémoire est inégale, qui ont marqué notre histoire.  Sur le plan plus festif, on peut ajouter le 1er janvier où nous échangeons des vœux. Et si l’on veut vraiment évoquer la “tradition”, c’est à cette date que l’on échangeait les cadeaux avant que le mercantilisme ne s’empare de la fête de Noël.

On peut donc, sans renoncer à la convivialité, offrir aux enfants du personnel un cadeau de fin d’année, laisser les santons et crèches à la Provence et partager, quand on le souhaite, le verre de l’amitié (avec le liquide que chacun choisira).

Il existe aussi, il est vrai, au calendrier des jours fériés, un certain nombre de fêtes chrétiennes et d’autres plus précisément catholiques. Je ne crois pas indispensable qu’il en soit autrement. Mais en ne citant sciemment que des éléments de “fêtes traditionnelles” d’inspiration chrétienne (arbre de Noël, crèches et santons, galette des rois, œufs de Pâques), le Président du Conseil provoque et tourne le dos à la laïcité.

Il a tort. Sa responsabilité ne devrait pas l’autoriser à de tels écarts. Il a des obligations, celle par exemple de faire fonctionner un Centre de planification et d’éducation familiale, dans le respect de la loi. Celle d’accompagner des familles qui parfois, peuvent faire montre d’une certaine surenchère sur le plan religieux. Comment donner autorité aux travailleurs sociaux pour rappeler les règles communes (chercher un emploi dans un environnement professionnel dont on ne peut s’assurer qu’il ne sera pas mixte, respecter le droit à l’IVG, …) si le Président choisit publiquement et dans sa qualité de Président sa propre “tradition” ?

C’était excessivement gênant d’être, de près ou de loin, associée à de tels propos. Ce soir, j’ai ostensiblement choisi de ne pas applaudir les vœux du Président.

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