En finir avec les “fake news” : pour le RSA, la majorité doit commencer par balayer devant sa porte !
“Un pognon de dingue”, “on dépense 80 % de plus sur le RSA ” en 10 ans : voilà ce qu’on entend dans la bouche du président et dans une interview d’un député du Cher. Voilà ce que serait le Revenu de Solidarité Active dans notre pays.
Rétablissons donc quelques vérités.
La première c’est que, il y a dix ans, le RSA n’existait pas, si ce n’est sous des formes expérimentales dans quelques départements. Il n’a été généralisé qu’au 1er juin 2009, en application de la loi du 1er décembre 2008. Il remplaçait, en les faisant évoluer deux allocations existant précédemment : le Revenu Minimum d’Insertion, payé par les départements depuis 2004 et l’Allocation Parent Isolé (API) qui était encore à la charge de l’état, géré par les Caisses d’Allocations Familiales.
Donc, entre 2008 et 2010, première année pleine du RSA, la dépense d’allocation pour les départements a effectivement fait un bond, passant, pour le Cher, de 32,8 (RMI seul) à 39,7 millions d’euros (RSA englobant RMI + API) soit une augmentation de 21 %. L’ensemble de la dépense d’insertion des départements de France (allocation + accompagnement) passait dans le même temps de 6 à 7,3 milliards d’euros (+22 %). Cette augmentation, bien réelle pour les départements, ne l’a pas été dans les mêmes proportions pour la communauté nationale et il est détestable de le faire croire. L’argent sortait d’une caisse. Il sort d’une autre. C’est tout.
Tout calcul sérieux sur l’évolution de l’allocation ne peut donc se faire qu’à partir de 2010.
Que s’est-il passé depuis ? Trois choses :
– aurions-nous la mémoire courte ? La crise mondiale financière de 2008 a fait des ravages qui se sont propagés durablement dans notre pays. Le chômage a fait un bond, l’exclusion aussi. Le nombre d’allocataires du RSA a augmenté. Dans le Cher, ils étaient 7900 fin 2010, 8089 en 2011, 9652 en 2015 (+ 22 %) . Noter que grâce à la reprise économique de l’année 2017, leur nombre a (légèrement) diminué depuis pour atteindre 9259 fin 2017.
– tous les rapports d’évaluation du RSA indiquaient un taux de “non-recours” important (près de 40 %), c’est à dire un nombre élevé de personnes très pauvres qui auraient droit à cette allocation et qui ne la demandent pas. Différentes décisions ont été prises pour rendre l’accès à l’allocation plus facile, la dernière en date étant l’inscription en ligne. On peut espérer que cela ait porté ses fruits, en particulier dans les départements les plus touchés (le Cher n’en est pas) et donc, que cela se soit répercuté sur le montant de l’allocation versée.
– sous le précédent quinquennat, les gouvernements socialistes ont fait le choix de revaloriser l’allocation de 10 % et de prendre un certain nombre de dispositions sur les modalités de calcul de l’allocation favorables aux allocataires (en particulier avec une actualisation trimestrielle et non mensuelle quand cela est favorable au demandeur). Cela évite les variations permanentes du montant d’allocation, les indus versés puis réclamés aux allocataires qui déstabilisent terriblement les plus petits budgets. Oui, cela coûte. Cela s’appelle un choix politique et si les socialistes se sont honorés dans le précédent quinquennat, en voilà un exemple.
Alors où en est-on ? Dans le Cher, le montant d’allocation se monte, au compte administratif 2017, à 56 millions d’euros soit + 40 % par rapport à la première “année pleine” du RSA. Au niveau national, la dépense 2016 atteint plus de 10 milliards d’euros soit environ 30 % de plus qu’en 2010 (enquête ODAS : allocation 9,5 et accompagnement 0,65).
On est donc loin, des + 80 %.
C’est beaucoup quand même ? C’est le prix à payer pour réduire la misère et atténuer les inégalités. C’est grâce à des décisions de revalorisation telles que prises sous le précédent quinquennat que les inégalités ont diminué -très peu, c’est vrai, mais diminué – en France entre 2012 et 2017. Aujourd’hui, on n’en prend pas le chemin.
Il y a toujours des choses à faire pour diminuer le nombre d’allocataires. Et des choses à ne pas faire.
A faire : Soutenir l’économie et l’emploi, bien sûr. Soutenir les ateliers et chantiers d’insertion. Y créer des emplois. Donner aux services de Pôle Emploi, en responsabilité depuis la loi de 2008 de l’accompagnement professionnel des allocataires du RSA, les moyens de leurs missions.
A ne pas faire : Supprimer les emplois aidés. Réduire les aides à la mobilité. Fermer les services publics et notamment les maisons des solidarités. Renchérir le coût du logement social. Etrangler financièrement les départements en charge de l’accompagnement social.
Prête à tout débat sur le sujet avec qui le voudra.
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