Conseil municipal : orientations budgétaires
L’objectif du Conseil municipal de ce soir était, pour le Maire, de tuer le débat sur les hausses d’impôts. Mais la stratégie, s’appuyant sur une présentation purement technique et désincarnée a échoué. Le Maire s’en est agacé jusqu’à perdre, au fil du Conseil, le contrôle de lui-même.
J’ai ouvert mon intervention sur deux constats. La décision d’augmenter les impôts n’est pas, comme le Maire veut le présenter, une décision courageuse : c’est une solution de facilité. Les difficultés financières de la ville ne sont pas seulement liées aux baisses de dotation de l’Etat : elles viennent de plus loin, du surendettement de la ville et de la faiblesse de l’agglomération.
L’augmentation fiscale : ce seront 16,1 millions d’euros de recettes en plus pour la ville sur les années 2015 à 2017. En face, les baisses de dotation de l’Etat sur la période 2013 – 2017 ne représenteront – c’est déjà beaucoup – que 13 millions d’euros. La ville va donc au-delà de la stricte compensation financière des baisses de dotations, assumées par des économies dans d’autres villes. Pour une raison simple : elle a besoin de corriger une situation dégradée de longue date.
Les aides de l’Etat : elles restent, à Bourges, supérieures à la moyenne des aides pour des villes de même importance. C’est dire que l’Etat n’abandonne pas la ville. Les montants très élevés pour financer le Plan de Renouvellement Urbain ou les grand projets prévus au Contrat de Plan Etat Région (école d’ingénieurs, INSA, …) le démontrent aussi. La loi permettant maintenant aux collectivités de récupérer la TVA sur de nouvelles dépenses (l’entretien des bâtiments) est de même une très utile avancée : cette TVA récupérée a traditionnellement vocation à financer les investissements.
Côté recettes, on note avec inquiétude la baisse des recettes liées aux services fournis par la ville : les parkings, les cantines, les locations de salle, … Qu’est-ce que cela révèle ? La baisse d’activité économique, associative, humaine, sur la ville ? Le fait qu’à force d’augmenter les tarifs, les familles et les associations ne peuvent plus suivre et cherchent d’autres solutions, bref que la ville a tué la poule aux œufs d’or ? Ou simplement que les services ont diminué ? Dans tous les cas, c’est inquiétant.
Côté dépenses, on note un imbroglio concernant la comptabilisation des charges de personnel avec Bourges Plus. Comme la ville et l’agglo ne se sont pas mis d’accord sur la répartition du temps de travail dédié à la ville et celui dédié à l’agglomération d’une part du personnel qui sera bientôt “mutualisé”, les charges sont comptées sur les deux budget : à la ville et à l’agglo. Précaution nous dit-on. Signe d’un fonctionnement toujours aussi laborieux ! Concrètement, cela veut dire que des coupes sombres sont faites sur d’autres lignes de dépenses au risque que les services n’aient plus les moyens de fonctionner et au risque de diminuer les horaires d’ouverture des services aux familles.
En ce qui concerne les investissements, le rapport mentionne le besoin d’emprunter à hauteur de 14,3 millions d’euros, alors même que l’endettement ne cesse d’augmenter. Mais il mentionne aussi que cela est conditionné à l’accord des banques. Cela révèle combien la situation de la ville est devenue critique. A relever aussi, la ville vend les bijoux de famille pour boucler son budget : 1,9 millions de cession dont nous n’avons pas pu savoir de quoi il s’agissait.
Enfin, un regard sur le budget d’investissement : il reste haut en 2016 (22 millions d’euros) mais s’effondrerait dans les trois années suivantes baissant de 11,5 à 8,8 millions d’euros, un nouveau pic étant prévu en 2020 (tiens, tiens, 2020, année d’élections …). C’est donc après 2018 et même après 2020 que le projet de Maison de la Culture est décalé. Ceux qui ont cru que le changement de lieu permettrait de faire aboutir plus rapidement le projet doivent s’en mordre les doigts. Cette chute drastique du niveau d’investissement n’est bonne ni pour l’économie locale ni pour la dynamique de la ville. Cela démontre qu’il est impératif que l’agglomération puisse prendre le relais sur certains grands projets.
Parce que nous refusons le fatalisme et le misérabilisme, nous continuons de proposer le transfert à l’agglomération de toute ou partie de la compétence culturelle, permettant à l’agglomération de se créer une âme, à Bourges de se sortir d’une impasse financière et aux projets culturels – tous les projets culturels – de s’épanouir.
Vingt ans de gestion de droite sans préparer l’avenir, c’est moins de services, moins de projets, davantage d’impôts et pas le moindre dessein collectif.
Le Maire “assume”, dit-il. Pour l’heure, ce sont surtout les Berruyers, par leur augmentation d’impôt renouvelée, qui vont assumer …
pratique cette prise en compte dans les deux budgets, quand la ville de Bourges aura réussi à tout faire payer à l’Agglo, elle pourra afficher de sérieuses économies… qui sont juste un déplacement de qui paie…