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Aide à domicile : le progrès est toujours venu de la gauche

Je participais cet après-midi à une réunion initiée par les associations de services à domicile pour les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les familles. A l’aide d’un beau film, elles voulaient valoriser leur métier auprès des pouvoirs publics, auprès des salariés et auprès des personnes aidées. Des témoignages de grande qualité, avec de beaux sourires sur les visages. Un peu idyllique ? Sans doute. Mais très juste aussi.

Le recrutement de personnel qualifié et la reconnaissance professionnelle restent en effet deux questions majeures pour ce secteur. Dans le Cher, nous avions voulu que les associations soient payées au juste prix quand elles interviennent pour le compte du conseil départemental : prise en compte des déplacements, des évolutions prévues par les conventions collectives, de l’encadrement, de la formation. Il est dommage que des services comme la CARSAT, l’autre grand prescripteur d’accompagnement à domicile, aient toujours conservé des tarifs horaires fragilisant cette politique. Car au bout du compte, ce sont les salariés, médiocrement payées, qui sont rares et les personnes âgées qui en souffrent.

Il me semble utile de rappeler ce qu’a été le développement du secteur de l’aide à domicile. En remontant loin, on trouve l’aide ménagère, réservée aux personnes âgées, alors fort nombreuses, à revenu très modeste. Elle visait plus le ménage que l’aide à la personne : on ne restait alors pas chez soi quand la dépendance s’installait. Puis une Allocation de Compensation pour Tierce Personne a été créée, appréciée des familles mais pas toujours bien utilisée. Puis sous Juppé, autour de 1995, une Prestation Spécifique Dépendance qui se présentait comme une grande avancée mais qui était attribuée dans des conditions tellement restrictives qu’elle s’est finalement avérée être un recul par rapport à l’Allocation précédente.

Il a donc fallu attendre 2001, sous la gauche (Jospin), pour que l’Allocation Personnalisée d’Autonomie soit créée : un immense progrès, qui élargissait l’allocation à des personnes peu dépendantes et contribuait ainsi à la prévention. Dès 2003, elle était légèrement dégradée (mais heureusement maintenue) par le gouvernement Raffarin. En 2005, en ouvrant l’aide aux personnes fragiles au secteur privé, la loi Borloo prenait le risque de déstabiliser tout le secteur associatif de l’aide à domicile, alors en pleine croissance en raison de la montée en puissance de l’APA.

Et c’est à nouveau sous la gauche que l’on a repris le chemin du progrès avec la loi d’adaptation de la société au vieillissement, en cours de mise en œuvre. Les montants plafonds pour l’APA ont augmenté (les personnes peuvent avoir plus d’aide), la participation des familles a baissé. Un “droit de repos” est accordé et financé aux aidants. Des budgets très conséquents sont par ailleurs débloqués pour des actions de prévention.

Il aurait fallu faire trois, quatre ou cinq fois plus, nous a-t-on dit aujourd’hui. Dans l’idéal, bien sûr, ce serait mieux. Mais il faudrait déjà que les montants alloués par l’Etat à chaque département soient effectivement utilisés : pour l’APA dans le Cher, 1,7 millions d’euros ont été mis à disposition par l’Etat (la CNSA) en plus pour 2016 et 2,7 millions d’euros chaque année pour les années suivantes. Nous n’avons toujours pas de bilan de l’utilisation de ces fonds par le conseil départemental. Lequel conseil départemental a aussi à sa disposition près d’un million d’euro pour de la prévention qui n’a pas encore trouvé d’utilisation.

Alors plutôt que de demander encore plus à l’Etat, attachons-nous, dans le Cher, à ce que l’argent disponible soit utilisé au bénéfice des aînés. C’est là que nous serons le plus efficaces. Et le plus crédibles.

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