11 novembre 1918 – 11 novembre 2018
Dans toutes les villes et dans tous les villages de France, sur les chaînes de télévision, on commémorait aujourd’hui le centenaire de l’armistice de la grande guerre. A Bourges, la cérémonie, sous un beau soleil d’automne, n’avait rien d’exceptionnel si ce n’est la présence plus nombreuse qu’à l’habitude des enfants des écoles et, partant, de leurs parents. Je salue la très belle lecture du message de l’UFAC faite par les collégiens de Jean Renoir : une diction parfaite.
Cette guerre, qu’aucun de nous n’a vécue, a marqué nos esprits à travers les générations. Aucune guerre, me semble-t-il, n’a été relatée par autant de témoins de première ligne. Carnets et lettres des poilus à leurs proches sont des témoignages d’une exceptionnelle humanité.
En 2005, les lettres et carnets d’un de mes arrière-grands-pères, écrites entre 1914 et 1916, avaient été rassemblées et éditées par un cousin de ma mère. Je les avais lues avec intérêt d’abord, avec atterrement et effroi ensuite, tant elles montraient l’incompréhension montante des hommes face aux ordres qu’ils recevaient, leurs conditions de vie de plus en plus dures, le sens de la guerre qui se perdait au fil des mois passés dans les tranchées et des camarades déchiquetés, le courage qui cédait face à la peur de mourir, le soulagement, enfin, quand au début de l’année 1916, mon arrière-grand-père avait été envoyé à l’arrière exercer ses talents de chimiste dans une poudrerie.
J’ai ressenti la même gravité devant les autres témoignages dont j’ai pu prendre connaissance. Ils exercent sur moi une forme de fascination. Ils rappellent les sacrifices insensés qui ont été demandé à toute une génération, à travers le monde.
Alors oui, quand on balaye d’un revers de la main l’argument de la paix, parlant de la construction européenne, je pense à eux. A ceux de 40 aussi, évidemment. J’enrage de tant d’amnésie et de désinvolture. Notre génération, celle qui nous suit, doivent, encore et toujours, œuvrer à la paix. C’est à dire à la justice.
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